L’angoisse de l’écrivain dont on parle le plus est celle de la page blanche. Mais il en existe d’autres ! En voici un petit florilège et n’hésitez pas à écrire en commentaires si j’en ai oublié.
Comment arriver à dire telle chose de manière plus simple ? Comment exprimer telle émotion ? Écrire à la 3e personne ou à la première ? Écrire au passé ou au présent ? Comment rendre tel passage plus vivant, plus intéressant ? Quel point de vue adopter ? Omniscient, interne, externe, alterner tout ça ? Que faut-il supprimer ? Et si aucun éditeur ne veut de mon texte ? Et si ce que j’écris n’intéresse aucun lecteur ? Comment se présenter et présenter son texte à un éditeur ? Comment faire connaître son roman quand on est publié au sein d’une petite structure qui n’a pas les moyens de faire beaucoup de promo ? Comment oser aller à la rencontre de ses lecteurs (s’il y en a !!) ? Comment affronter les critiques qui ne manqueront pas d’arriver ? Les positives, ça ira, mais les autres, comment gérer ça ? Et si ce que j’ai écrit est trop ceci ou pas assez cela ? Qui suis-je pour oser écrire un roman ? Et si je n’arrive plus à écrire du tout après ça ? Que va devenir mon texte une fois publié ?Voilà les affres de nombreuses personnes qui publient un texte.
Certaines de ces inquiétudes dépendent de nous-mêmes, mais d’autres non, notamment la dernière que j’ai mentionnée. Publier un livre, c’est un peu comme avoir un enfant : on fait de son mieux pour l’aimer, l’élever, l’entourer, tout en sachant qu’il a sa vie propre et qu’un jour, il vivra loin de soi. Dès qu’un texte paraît, il n’appartient plus seulement à son auteur mais aussi aux lecteurs qui s’en emparent et en font autre chose, parfois, que ce qu’on avait imaginé.
Je dis souvent à mes élèves, lorsqu’on analyse un texte, que l’auteur a fait la moitié du travail et que l’autre moitié, c’est nous les lecteurs qui la faisons : nous établissons des liens avec notre histoire, nos lectures précédentes, notre culture, notre état d’esprit du moment, etc. Et bien sûr, l’écrivain ne peut pas avoir prévu tout ce que nous verrons, ressentirons, mettrons dans son texte. Certains lecteurs aimeront un texte, d’autres moins et c’est normal. Et pour des raisons différentes. L’intrigue, les personnages, la construction, le style, le genre, le thème peuvent plaire à certains… et moins à d’autres. Et un auteur n’a aucune maîtrise sur ce point.