Est-ce que tu réécris ? Beaucoup ? Voici des questions que vous m’avez posées en mp sur Instagram. Alors oui, j’ai beaucoup, beaucoup réécrit. Mon texte final ne ressemble pas du tout au premier jet. Je suis du genre laborieux, et jamais satisfaite de ce que j’écris. Je pense avoir fait au moins une dizaine de grosses réécritures.
Par exemple, pour la cohérence de mon personnage principal, je ne parvenais pas à comprendre un élément attesté dans les différentes sources que j’ai lues. Cela me semblait humainement invraisemblable. Bien sûr, il s’agit d’un personnage mythique, donc justement pas réel. Mais je voulais lui donner un caractère plausible. J’ai donc beaucoup retravaillé, repris des recherches et j’ai trouvé une version (beaucoup plus rare) du mythe mais qui m’arrangeait drôlement ! Tout faisait sens avec cette nouvelle donnée. J’ai donc réécrit plusieurs chapitres à la lumière de cette découverte.
De même, j’ai changé tous les temps du texte que j’avais écrit au départ au passé. Je me désespérais avec la concordance des temps et les subjonctifs passés qui faisaient très pompeux. Et les subjonctifs présents m’écorchaient les yeux et les oreilles puisque tout le reste était au passé. Bref, j’ai tout réécrit au présent, parce qu’au fur et à mesure, ça m’a semblé beaucoup plus logique : les thèmes de ce mythe sont universels et toujours d’actualité. Ce que je raconte arrive pour de vrai, encore aujourd’hui, dans certains pays, dans certaines situations.
Je me suis aussi beaucoup appuyée sur les commentaires de mes bêta-lecteurs dont je vous ai parlé dans un précédent billet. Sans doute parce que je manque de confiance en moi puisqu’il s’agit de mon premier roman, j’avais tendance à croire presque tout ce qu’ils ou elles me disaient.
Lorsque certains éditeurs (peu nombreux) ont pris la peine (et je les en remercie !) de me répondre de manière personnelle et constructive, j’ai aussi tenu compte de leurs conseils, ou du moins, j’ai essayé, si bien que les derniers manuscrits que j’ai envoyés n’étaient pas les mêmes que ceux que j’ai postés en premier.
« Hâtez-vous lentement ; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »
disait Boileau. Et je suis bien d’accord avec lui.
Bref, je suis lente. Mais je me soigne ! Et vous, lorsque vous faites quelque chose d’artistique (peinture, couture, écriture…), vous y reprenez-vous ou y arrivez-vous du premier coup ?
2 réponses sur « Réécritures »
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