Je possède un très vieil ouvrage qui présente les lieux où écrivaient quelques auteurs majeurs du XIXe et début du XXe siècle. On y voit de magnifiques demeures dans de calmes campagnes, des bureaux anciens aux pieds sculptés. Mais les auteurs d’aujourd’hui, où écrivent-ils ? Il semblerait que ce soit à leur bureau ou dans des cafés.
Pas moi. Mon endroit préféré pour écrire est lorsque je suis installée sur mon fauteuil Ikéa. Oui, je sais, ça peut paraître moins confortable qu’un bureau mais le fait est que je suis incapable de m’asseoir correctement plus de 10 minutes. Parfois, tout de même, je m’installe à mon bureau, mais c’est surtout pour effectuer mes recherches, lorsque j’ai besoin d’ouvrir plusieurs livres à la fois, des cartes, bref, que j’ai besoin de m’étaler. J’écris aussi dans les trains, souvent. Mais j’ai un autre endroit dans lequel j’écris et qui est sans doute assez peu conventionnel : ma voiture.
J’ai passé de longues heures, sur l’autoroute ou des nationales à écrire. Bon, je vous rassure tout de suite, je suis du côté passager dans ces cas-là, et contrairement à l’image réalisée par une IA, je porte ma ceinture de sécurité. Et en fait, j’utilise ma voiture comme gueuloir. Loin de moi l’idée de me comparer à Flaubert, mais vraiment, dire son texte à haute voix me paraît essentiel. Je mets mon ordinateur sur mes genoux et lis mon texte à voix haute.
Avec mon mari, on en discute. Je me mets des commentaires à moi-même quand il faudra reprendre en profondeur, et sinon, je modifie directement tel mot ou telle phrase. J’ai ma bouteille Thermos de thé à côté car ça donne sacrément soif de lire à haute voix ! J’ai donc passé pas mal de temps à relire et à réécrire dans ma voiture.
Il faut dire que la musicalité des mots et le rythme des phrases sont très importants pour moi. J’ai donc besoin d’entendre mon propre texte pour me faire une idée de ce que ça rend vraiment à l’oreille. Je pourrais aussi bien lire à haute voix chez moi, mais curieusement, l’habitude s’est prise de lire dans ma voiture pour ne pas « perdre » les temps du trajet et profiter de ces moments habituellement morts pour avancer sur mon roman. Je ne sais pas si tous les lecteurs voient une différence entre les textes passés au gueuloir ou pas, vous me direz 😉
Il est aussi important d’entendre comment le texte résonne (ou pas !) chez un auditeur extérieur. Mon mari a joué ce rôle pendant de longues heures (merci à lui !). Le pauvre, il n’avait pas le choix, coincé dans la voiture ! Si l’un de nous trouvait que le rythme de la phrase, ou la sonorité des mots ne convenait pas, je reprenais alors mon texte. Il était difficile de rester concentrés tout au long de la lecture sur ces points-là, car parfois, l’intrigue ou la cohérence des personnages prenait le dessus. Mais je peux dire que ma voiture est un lieu, sans doute un peu original, où j’ai beaucoup réécrit.